Contenu du 7ème COVIDHEBDO, BENIN – 10 au 19 mai
Synthèse introductive
Le respect des mesures barrières par les populations
Généralisation des tests PCR et TDR
Incidence de la réouverture des écoles sur la propagation de la Covid-19 et perspectives
Synthèse introductive
Au Bénin, les conditions du déconfinement sont atypiques à l’image des ambitions du gouvernement, du dynamisme et du pragmatisme de l’équipe de gestion de la COVID-19. La non observance d’une stabilité de la contamination avant le lancement du déconfinement comme développé dans le 6ème COVIDHEBDO, BENIN, du 3 au 9 mai, en est une illustration.
Par ailleurs, l’Afrique est en train de déjouer les pronostics les plus macabres concernant la COVID-19. « L’effet pangolin : la tempête qui vient en Afrique ? » produit par le Centre d’Analyse et Prospective Stratégique (CAPS) de la France est toujours attendue par exemple. A ce jour, aucune étude n’a mis en lumière les raisons de cette singularité, cette fois-ci, positive du continent africain.
Il serait par conséquent difficile de prévoir le lendemain du déconfinement béninois. Seul le respect – par les populations – des mesures prises par le gouvernement et leur surveillance stricte par les autorités pourraient permettre de préjuger d’une accalmie.
Le respect des mesures barrières par les populations
L’obligation de port du masque
A Cotonou, capitale économique et épicentre probable de l’épidémie du pays, les populations se déplacent le plus en ayant un masque.
Malgré le prix subventionné des masques chirurgicaux (200 FCFA ou 35 centimes de dollars), ils restent trop chers pour la bourse du béninois dont 46,4 % vivaient en 2018 avec moins de 1,9 dollars par jour [1]. La plupart des masques portés par les populations sont en tissus et ne sont labellisés « conformes » par aucune institution de métrologie. Il serait donc hasardeux d’affirmer qu’ils offrent une protection efficace.
Il n’est pas rare de rencontrer des personnes porter leurs masques au menton ou au front. Ces personnes n’ont donc aucune protection et deviennent au contraire des sources de propagation de la maladie.
En conséquence, il est fort à parier que le port de masque par les populations répond plus à une logique de « la peur du gendarme » plutôt qu’à un souci de « la sécurité sanitaire ». La plupart des masques n’assure aucune protection au contraire, ils deviennent des sources de contamination.
La mesure de distanciation sociale
Comment les mesures de distanciation sociale pourraient-elles être respectées en agglomérations ? Dans les quartiers populaires, une distanciation véritable ne peut être observée entre les enfants des différents ménages qui se partagent la même cour et qui jouent ensemble dans les rues. C’est en cela que certains avaient donné raison à l’équipe de gestion de l’épidémie qui n’avait pas souhaité au départ confiner les scolaires avant les congés du 2ème trimestre de l’année 2020.
La même promiscuité s’observe dans les établissements scolaires où la norme est de 60 élèves par classe et qu’il arrive que l’effectif par classe approche la centaine. Quelle distance sociale d’un mètre est observable dans ces conditions ?
Les taxis motos et les taxis brousse sont autorisés à poursuivre leurs activités car ne pouvant pas vivre sans travailler et devraient bloquer l’essentiel de l’appareil de production le cas échéant. Sur un taxi moto, le passager est à califourchon, derrière le conducteur, à zéro mètre de distance. Dans un taxi ou le nombre maximum d’occupants autorisés est de 4 y compris le chauffeur. Le respect du mètre de distance sociale est également mis à rude épreuve.
A toutes ces barrières à l’adoption des mesures barrières s’ajoute la légendaire chaleur sociale africaine à laquelle le Bénin ne fait pas exception.
Le suivi par les autorités du respect des mesures barrières
L’équipe de gestion de l’épidémie est certainement consciente des limites au respect des mesures par les populations mais n’y pourra visiblement rien.
Les mesures barrières sont prises, mais la capacité de la communauté à les respecter reste problématique et le suivi de leur mise en œuvre par les autorités peut s’en trouver édulcoré. C’est certainement la raison qui aurait conduit le Conseil National de l’Ordre des Médecins du Bénin à s’insurger le 13 mai dernier contre les meetings politiques qui drainent des fouilles et entraînent des regroupements répétitifs en violation des mesures gouvernementales [2].
Le ver est dans le fruit. N’est-ce pas plutôt le maintien de la date initiale des élections communales qui contribue à violer les mesures de distanciations sociales ? Toutes les mesures de distanciation le jour de vote ne serviront pas à grande chose si les populations sont bien entremêlées durant la campagne électorale.
Il ne reste visiblement au peuple béninois que les précautions de vivre avec le Coronavirus en prenant au mieux à charge les malades.
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